Propriétés médicinales et usages du Carapa

Aujourd’hui, au sein des communautés amérindiennes, sur le marché domestique du Brésil ainsi que dans certaines régions des Guyanes, l’huile de carapa reste très utilisée pour ses vertus médicinales et ses propriétés chimiques.


La confection d’huile de carapa qui, par son action anti-parasitaire et anti-inflammatoire, permet de se débarrasser des poux, poux d’agouti, tiques et autre acariens, est une activité très répandue chez les Amérindiens et les Noirs marrons (bushi-nenge), qui l’utilisent généralement de manière préventive.
L’huile est également utilisée pour ses propriétés chimiques. Les indigènes l’utilisent comme solvant pour l’extraction des certains colorants naturels avec lequel ils peignent leur peau. La tribu Munduruku avait coutume de momifier les têtes de leurs ennemis, gardées comme trophées de guerre, à l’aide d’huile de Carapa guianensis. Elle peut également être utilisée pour enduire des meubles en bois ou de petits objets, ce qui les protège des parasites et nourrit le bois. La pulpe des graines est également un bon appât pour pêcher les poissons végétariens des fleuves.


En plus de l’utiliser pour s’éclairer (lampe à huile), les habitants de la forêt et les caboclos confectionnent un savon médicinal à partir de l’huile brute, de cendres de bois et des résidus des peaux de cacao.
Au Brésil, l’huile est également produite de manière industrielle pour la production de savon et d’huile conditionnée. L’Etat du Parà contribue à lui seul pour 38 % de l’huile produite au Brésil.

Chez les Amérindiens, l’huile est utilisée pour traiter les inflammations, les rhumatismes, les maux de gorge, les petites tumeurs et les déchirements musculaires ou les crampes. De plus, elle possède des propriétés répulsives pour les insectes, traite les piqûres (elle permet a posteriori de calmer les démangeaisons d’insectes ou autres hématophages) et plus généralement les maladies de peau (eczéma, mycoses…).


Au Guyana, il est recommandé d’ingérer une petite quantité d’huile de carapa contre le paludisme. Une récente étude effectué par l’IRD de Cayenne et l’Institut Pasteur a cependant démontré, par des tests en laboratoire, que les produits issus du carapa n’aurait pas un effet anti-malarique significatif (Eric Deharo, communication personnelle). Voir aussi thèse de Guillaume Odonne, Approche ethnopharmacologique comparative


Chez les créoles guyanais, l’huile sert à traiter des eczémas infectés, les brûlures dues aux plantes urticantes, et les piqûres d’insectes, les petites plaies, les contusions, les douleurs d’arthrite. L’huile est aussi utilisée en application sur la muqueuse cervicale dans le cas de cancer du col, et mélangée à du lait, elle est utilisée en application locale pour traiter les otites, ou pour apaiser des gorges enflammées (Hammer & Johns, 1993).


Dans la base de données pharmacologique NAPRALERT (NAtural PRoduct ALERT), il n’apparaît pas d’étude de l’activité antimalarique ni répulsive d’insectes mais des études menées pour les activités antibactériennes, antifongiques et anticancéreuses qui ont montré des résultats variables. Globalement des résultats d’analyse sur les diverses propriétés de l’huile de Carapa sont difficilement trouvables. Ils restent peut être la propriété de ceux qui ont breveté des produits contenant cette huile et sont donc inaccessibles au public. Par ailleurs, cette huile ayant une dimension traditionnelle assez forte, il est probable qu’elle soit souvent commercialisée sans pour autant que ses vertus aient été scientifiquement démontrées et certifiées.


Les propriétés anti-inflammatoires de l’huile de Carapa seraient dues à la présence de limonoides et de triterpènes (fraction non saponifiable) qui sont solubles dans la fraction insaturée de l’huile. L’alcaloïde limmonoidique appelé andirobine est également impliqué dans les propriétés de l’huile. Des études phytochimiques ont identifiée en tout sept limonoides.


Dans de nombreux produits cosmétiques, l’huile de Carapa joue un rôle d’émollient “amélioré” puisqu’il présente des propriétés anti-inflammatoires. Les Brésiliens l’utilisent l’huile pour l’élaboration de pommades anti-arthritique et anti-inflammatoires.


Une étude américaine menée en 1997 a également décrit que les lipides du Carapa ont un effet inhibiteur sur la glucose-6-phosphate déshydrogénase et également un effet inhibiteur sur la différenciation des adipocytes, ce qui pourrait en faire un traitement efficace contre la cellulite.


Enfin de récentes informations évoquent l’utilisation de l’huile de Carapa, conditionnée dans des capsules de gélatine, pour le traitement des cancers internes au Brésil.

Source
David Kenfack1, Mathieu Guèye2 and Louis Zapfack3
1Missouri Botanical Garden. 4500 Shaw Boulevard. St. Louis, Missouri 63110. USA. david.kenfack@mobot.org
Guillemot, Nicolas. Le Carapa, Un Arbre Tropical Aux Intérêts Écologiques Et Économiques Prometteurs. INAP-G, Stage de césure 2ème année (Paris: 2004).